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URANIE, LIVRE VIII.

et tailla en pièces tous les Perses qu’il rencontra[1].

XCVI. Le combat fini, les Grecs remorquèrent à Salamine tous les vaisseaux brisés qu’ils trouvèrent encore subsistants aux environs de cette île, et se disposèrent à une autre action, comptant que le roi livrerait une seconde bataille avec ce qui lui restait de vaisseaux. Cependant le vent d’ouest poussa sur la côte de l’Attique appelée Colias beaucoup de débris de la flotte perse. Ainsi furent accomplis tous les oracles de Bacis et de Musée[2] touchant ce combat naval, de même qu’un autre publié plusieurs années avant ces événements par Lysistrate, devin athénien, concernant les débris de vaisseaux portés sur cette côte. Cet oracle, dont le sens avait jusqu’alors échappé à tous les Grecs, était conçu dans ces termes : « Les femmes de Colias feront griller l’orge avec des rames. » Cela devait arriver après le départ du roi.

XCVII. Aussitôt que Xerxès connut sa défaite[3], crai-

    sonniers. De ce nombre furent trois frères, fils de Sandauce, sœur du roi. Aristide les ayant envoyés à Thémistocles, on dit qu’ils furent immolés à Bacchus Omestès : le devin Euphrantidès l’ayant ainsi ordonné en vertu d’un oracle. » (Plutarque, Vie d’Aristide.)

  1. Voyez § lxxvi
  2. Il y a eu plusieurs Musée. Celui dont il est ici question était Athénien, et d’Éleusis, fils d’Antiphémus ou Antiophémus, comme l’appelle Pausanias. Il a écrit des préceptes en vers adressés à son fils Eumolpe, sur lesquels on peut consulter Pausanias. Cet auteur dit cependant qu’on n’a rien qui soit certainement de Musée, si ce n’est un hymne en l’honneur de Cérès, qu’il fit pour être chanté par les Lycomèdes. Il avait aussi composé des oracles qu’on attribuait à Onomacrite. Il fut enterré à Athènes, sur une colline qui est dans l’enceinte de l’ancienne ville, vis-à-vis de la citadelle, où il avait coutume de se retirer pour y chanter ses vers. Il eut un petit-fils de son nom, à qui Diogène Laërce attribue une théogonie et un Traité de la sphère en vers. (L.)
  3. Cette journée, si glorieuse pour les Grecs, et surtout pour les Athéniens, donna l’essor à leur courage et à leur génie. Les Perses les avaient fait trembler ; ils les méprisèrent, et finirent par les subjuguer. Leur génie se développa ; ils enfantèrent ces chefs-d’œuvre dans l’éloquence, la poésie, la philosophie, et dans les arts, dont ont approché plus ou moins les nations civilisées, et qu’elles n’ont jamais pu atteindre. Cette gloire a été sentie dans tous les temps et particulièrement par les Romains, à l’époque la plus brillante de leur histoire. Dans cette célèbre naumachie, où Auguste donna aux Romains le spectacle d’un véritable combat naval, deux flottes s’attaquèrent : l’une avait pris le nom de flotte des Perses, l’autre de flotte des Athéniens. Celle-ci, fière de ce beau nom, en soutint la gloire, et battit complètement celle qui portait le nom des Perses. C’est ce que nous apprend un fragment

ii.19