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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

certerez sans peine leurs meilleurs projets. Envoyez de l’argent à ceux d’entre eux qui ont le plus de crédit dans chaque ville ; la division se mettra dans toute la Grèce, et, avec le secours de ceux qui prendront votre parti, vous subjuguerez facilement ceux qui n’épouseront pas vos intérêts. »

III. Tel fut le conseil que lui donnèrent les Thébains ; mais le désir ardent de se rendre une seconde fois maître d’Athènes l’empêcha de le suivre. Il en fut encore détourné par sa folle présomption, et par l’espérance de faire connaître au roi, qui était encore à Sardes, la prise d’Athènes, par le moyen de torches allumées dans les îles[1]. À son arrivée dans l’Attique, il n’y trouva pas même alors les Athéniens ; la plupart étaient, comme il l’apprit, à Salamine et sur leurs vaisseaux. Il s’empara pour la seconde fois de cette ville déserte, dix mois après que Xerxès l’eut prise pour la première fois.

IV. Tandis qu’il était à Athènes, il dépêcha en Salamine Murichides, Hellespontien, avec les mêmes propositions qu’Alexandre de Macédoine avait déjà portées de sa part aux Athéniens. Il leur faisait cette seconde députation, quoiqu’il sût d’avance qu’ils étaient malintentionnés ; mais il se flattait qu’en voyant l’Attique subjuguée et réduite sous sa puissance, ils se relâcheraient de leur obstination.

V. Murichides, ayant été admis dans le sénat, s’acquitta de la commission dont Mardonius l’avait chargé. Un sénateur, nommé Lycidas, dit qu’il lui paraissait avantageux de recevoir les propositions de l’envoyé, et d’en faire le rapport au peuple. Il fut de cet avis ; soit que cet avis lui plût, ou qu’il eût reçu de l’argent de Mardonius. Incontinent, les Athéniens indignés, tant ceux du sénat que ceux du dehors, s’attroupèrent autour de lui, et le lapidèrent[2] :

  1. Des hommes placés de distance en distance avertissaient de tout ce qui se passait. Le premier qui s’apercevait de quelque chose en donnait avis par des torches allumées qu’il en avait vu. Le troisième, et ainsi de suite, en faisait autant. De cette manière un avis quelconque parvenait en très-peu de temps à ceux à qui il importait de le connaître. (L.)
  2. C’est à cette histoire que fait allusion Lycurgue, lorsque s’adressant aux