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ÉRATO, LIVRE VI.

CVI. Ce même Phidippides, que les généraux athéniens avaient envoyé à Sparte, et qui raconta, à son retour, que Pan lui était apparu, arriva en cette ville le lendemain de son départ d’Athènes[1]. Aussitôt il se présenta devant les magistrats, et leur dit : « Lacédémoniens, les Athéniens vous prient de leur donner du secours, et de ne pas permettre qu’une des plus anciennes villes de Grèce soit réduite en esclavage par des barbares. Érétrie a déjà subi leur joug, et la Grèce se trouve affaiblie par la perte de cette ville célèbre. » Là-dessus, les Lacédémoniens résolurent de donner du secours aux Athéniens ; mais il leur était impossible de le faire partir sur-le-champ, parce qu’ils ne voulaient point enfreindre la loi qui leur défendait de se mettre en marche avant la pleine lune ; et l’on n’était alors qu’au 9 du mois[2].

CVII. Pendant qu’ils attendaient la pleine lune, Hippias, fils de Pisistrate, faisait aborder les barbares à Marathon. La nuit précédente, il avait eu une vision pendant son sommeil, et s’était imaginé qu’il était couché avec sa mère. Ce songe[3] lui faisait conjecturer qu’il retournerait à

    court le premier s’éteint, il le cède au second, et celui-ci au troisième, si le même accident lui arrive. Si le troisième est aussi malheureux, le prix n’est adjugé à personne. Cette fête se célébrait en l’honneur de plusieurs divinités, comme Minerve, Vulcain, Prométhée, Pan, Esculape, etc. Dans les Panathénées, ou fêtes de Minerve, les lampadophores partaient du Pirée ; et du Céramique, ou de l’Académie, dans celle de Vulcain et de Prométhée. Il y avait dans l’Académie une statue de l’Amour, consacrée par Pisistrate, où l’on allumait le flambeau sacré dans les courses que l’on faisait en l’honneur de ces dieux. (L.)

  1. C’est-à-dire qu’il fit en deux jours onze cent quarante stades, qui est la distance d’Athènes à Sparte. Cela parut une course considérable, jusqu’à ce qu’Anystis, courrier de Lacédémone, et Philonides, courrier d’Alexandre, firent en un jour, au rapport de Pline le naturaliste, le chemin de Sicyone à Élis, c’est-à-dire douze cents stades.
  2. Les mois étant lunaires, la pleine lune arrivait vers le 15. Les Lacédémoniens ne se mettaient point en marche avant la pleine lune. Cela est confirmé par le témoignage de Pausanias, liv. i, chap. xxviii, et de Lucien, sur l’Astrologie, ch. xxv, t. ii, p. 371, qui attribue ce règlement à Lycurgue. (L.)
  3. Le songe dont il est ici question était regardé comme heureux. « Il est avantageux, dit Artémidore, au principal magistrat, ou chef de l’État, de coucher avec sa mère. La mère désigne en effet la patrie. De même donc le corps de celle qui couche avec quelqu’un est volontairement en la puissance de celui qui en jouit, de même celui qui a eu une pareille vision se rendra le maître de l’État. » (L.)