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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

modius et d’Aristogiton. Les Athéniens n’ont jamais couru un si grand danger depuis la fondation de leur ville. S’ils succombent sous la puissance des Mèdes, livrés à Hippias, leur supplice est résolu ; s’ils sont victorieux, cette ville pourra devenir la première de la Grèce. Mais, comment ces choses peuvent-elles se faire ; comment le bonheur ou le malheur de la république dépendent-ils absolument de vous, c’est ce que je vais développer. Nous autres généraux, nous sommes partagés de sentiments : les uns veulent la bataille, les autres sont d’un avis contraire. Si nous différons de combattre, il est à craindre qu’il ne s’élève entre les Athéniens des dissensions qui les disposent à favoriser les Mèdes. Mais si nous livrons le combat avant que d’aussi lâches pensées entrent dans l’esprit de quelques-uns d’entre nous, j’espère qu’avec l’aide des dieux nous remporterons la victoire. Ces choses vous regardent donc actuellement, et dépendent absolument de vous. Si vous joignez votre suffrage au mien, notre patrie sera libre, et notre république la première de la Grèce. Si vous vous rangez du parti de ceux qui ne veulent point de bataille, vous aurez en partage le contraire des biens dont je viens de vous faire l’énumération. »

CX. Le polémarque, gagné par ce discours, joignit sa voix à celle de Miltiade, et la bataille fut résolue. Après cela, les généraux qui avaient été d’avis de combattre remirent à Miltiade le commandement, quand ce fut leur tour de commander. Il l’accepta ; cependant il ne voulut en faire usage que lorsque son tour fut arrivé.

CXI. Quand il fut venu, les Athéniens se rangèrent en bataille en cet ordre : Callimaque se mit à la tête de l’aile droite[1], en vertu d’une loi qui ordonne chez les Athéniens que le polémarque occupe cette aile. Après le polémarque,

  1. La tribu Æantide était à l’aile droite, et le polémarque Callimaque était de cette tribu. Plutarque prouve ce fait par les élégies d’Eschyle, qui s’était distingué à cette bataille. Lorsque les Athéniens tinrent conseil pour marcher contre les barbares, et qu’on fit le décret pour se mettre en campagne, ajoute Plutarque, la tribu Æantide était en tour de présider aux assemblées. Cette même tribu se distingua aussi à la bataille de Platée. (L.)