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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

reste, le crédit et l’autorité d’Atosse[1] me persuadent qu’il n’en aurait pas moins régné, quand même il n’aurait pas fait usage du conseil de Démarate.

IV. Darius ayant déclaré Xerxès son successeur, et voyant que tout était prêt, se disposa à se mettre en marche. Mais il mourut l’année qui suivit la révolte de l’Égypte, après avoir régné trente-six ans entiers[2], et sans avoir eu la satisfaction de punir la révolte des Égyptiens et de se venger des Athéniens.

V. Darius étant mort, son fils Xerxès lui succéda. Les levées que faisait ce jeune prince étaient destinées contre l’Égypte, et dans les commencements il n’avait aucune envie de porter la guerre en Grèce. Mais Mardonius, fils de Gobryas et d’une sœur de Darius, et par conséquent cousin germain de Xerxès, et qui de tous les Perses avait le plus d’ascendant sur son esprit, lui parla en ces termes : « Seigneur, il n’est pas naturel de laisser impunies les insultes des Athéniens. Ne vous occupez donc maintenant que des affaires que vous avez sur les bras ; mais lorsque vous aurez châtié l’insolence des Égyptiens, marchez avec toutes vos forces contre Athènes : par là vous acquerrez de la célébrité, et personne n’osera désormais entrer à main armée dans vos États. » À ces motifs de vengeance, il ajouta que l’Europe était un pays très-beau, d’un excellent rapport, où l’on trouvait toutes sortes d’arbres fruitiers, et que le roi seul méritait de l’avoir en sa possession.

VI. Mardonius tenait ce langage, parce qu’il était avide de nouveautés, et qu’il convoitait le gouvernement de la

  1. Cette princesse était fille de Cyrus, et fut femme de son frère Cambyse. Elle épousa ensuite le mage Smerdis, et après sa mort le roi Darius, auprès de qui elle eut beaucoup de crédit. Elle est, au rapport d’Hellanicus, la première qui ait écrit des lettres. Cette princesse finit ses jours d’une manière bien tragique, si l’on peut en croire Aspasius. Son fils Xerxès la mit en pièces dans un accès de fureur, et la mangea.
  2. Ce prince mourut la quatrième année de la soixante-treizième olympiade, quatre cent quatre-vingt-cinq ans avant notre ère. La bataille de Marathon se donna la troisième année de la soixante-douzième olympiade. Darius fit faire des préparatifs pendant trois ans, la quatrième l’Égypte se révolta, et ce prince mourut l’année suivante, comme nous l’apprenons d’Hérodote. (L.)