silence et se moque de leur dialecte dorien qui fait ouvrir une bouche démesurée. Gorgo se rebiffe, une dispute va s’engager, quand prélude le chant sacré. Nos deux amies l’écoutent sans mot dire, expriment encore une fois leur admiration, puis se séparent. Le mari de Gorgo, Diokleidès, est à jeun : il faut penser à lui si l’on veut avoir la paix dans le ménage.
Ainsi se termine cette admirable pièce des Syracusaines. Envisagée comme mime, elle est, nous l’avons dit, doublement originale, elle nous offre des personnages plus nombreux et des scènes plus variées ; elle comprend trois mimes en un seul.
Dans cette rapide analyse, nous avons mis en relief le côté purement réaliste de ces scènes. Ce serait faire tort à Théocrite que de s’arrêter là. Avec lui, le mime devient un genre plus noble, la poésie le pénètre et le transforme. Quel merveilleux conte d’amour nous fait Simaitha ! Nous oublions la banalité de l’aventure : le personnage ne nous semble plus vulgaire et nous nous laissons charmer par ses souvenirs. La femme délaissée oublie un instant son abandon, elle vit une seconde fois dans ce passé dont l’amertume avait quelque douceur encore[1] : « Tout mon corps devint plus
- ↑ Théocrite, II, vers 106-110.