est censé se plaindre aux juges et prononce un vrai plaidoyer. Il semble qu’ici même nous puissions retrouver l’influence d’Hipponax : on sait que ce dernier passe pour l’inventeur de la parodie, et que nous avons de lui le commencement d’une épopée grotesque dont le héros est une sorte de Gargantua. L’auteur des mimes se rappelle peut-être ces poèmes bouffons quand il fait parler Battaros. C’est d’un bout à l’autre une parodie des plaidoyers que composaient autrefois les logographes d’Athènes. Tous leurs procédés, tous leurs artifices s’y retrouvent. On croit même, à certains moments, reconnaître des imitations de la Midienne qui font une étrange figure dans le plaidoyer du « Leno ». Ce qui domine ce discours bouffon, c’est, chose plaisante, la grande idée de Justice : le riche et le pauvre ont les mêmes droits, le juge ne doit tenir compte ni de la naissance ni de la réputation, il ne doit penser qu’aux « Lois ». Les premiers citoyens de la ville sont pleins de respect pour elles, tous les autres doivent suivre leur exemple. Au reste, c’est par le grand législateur Chairondas que ces lois ont été édictées, et l’orateur fait observer ironiquement à Thalès que celui-là savait comment une cité s’administre. Battaros possède aussi l’art de grandir sa cause : il montre aux juges qu’il ne s’agit pas seulement d’un cas particulier et d’un seul homme, mais de tous les métèques et de la cité
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