digne péroraison. Le proxénète termine son plaidoyer en invoquant les noms les plus vénérés dans le pays, Cos, Mérops, Thessalos, Asklépios, Héraklès. Il laisse entendre aux juges que la gloire du pays dépend de leur sentence, et ne fait qu’un avec la cause de Battaros. On voit que l’auteur, qui prête à son personnage un imperturbable sérieux, a écrit peu de mimes plus plaisants. Son discours-parodie est plein de verve et d’esprit ; le style va tour à tour de la plus haute éloquence à la plus basse trivialité : Battaros ramasse des proverbes dans le ruisseau et des tirades pathétiques chez Démosthène. Le ton reste toujours digne et fier : il descend un moment jusqu’à la bonhomie, mais jamais jusqu’à l’humilité. L’orateur a la conscience de porter un nom sans tache, illustré par son aïeul Sisymbros et son père Sisymbriskos, qui faisaient le même métier que lui ; de là sa dignité devant les juges, et son mépris pour le Phrygien. Tous ces traits réunis, son impudence, sa grossièreté, sa bassesse, son amour du lucre, en font le type accompli du proxénète. Ses confrères de la comédie latine pâlissent auprès de lui ; le Sannion des Adelphes a souffert même mésaventure, on l’a chassé de sa maison, on l’a roué de coups, on a enlevé une de ses esclaves, mais il a beau se traiter lui-même de fléau public, il se résigne pourtant à être battu et volé. Le Ballion de Plaute a plus de
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