On sait quel était le sujet de ce poème : Naeke et Schneider ont pu le reconstituer d’après les fragments qui nous restent. Thésée, avant d’aller combattre le taureau de Marathon, s’arrête chez une vieille femme, il partage son frugal repas et passe la nuit sous son toit ; le lendemain, il affronte le monstre et le tue ; mais au retour il apprend la mort de la pauvre femme. On voit tout le parti qu’un poète épris d’art réaliste pouvait tirer d’un pareil sujet. Les deux personnages formaient un contraste frappant : l’humble chaumière, la conversation devant l’âtre où flambait un feu de bois sec, le repas composé d’olives, d’herbes et de farine d’orge bouillie formaient une scène familière aussi simple que saisissante. L’héroïne du poème devait parler le langage du peuple : nous en avons la preuve dans un des fragments conservés où elle jure « par sa peau ridée ». Enfin le poète se laissait aller sans doute à son goût de la description et ne devait omettre aucun détail pittoresque. La perte de l’ouvrage est donc des plus regrettables, nous y trouverions un exemple frappant de cet art alexandrin qui manque de noblesse dans les plus grands sujets et de simplicité dans les plus humbles. Encore ce poème de l’Hékalé n’était-il qu’une épopée en miniature, ἐπύλλιον ; les mêmes scènes bourgeoises ou familières se retrouvent dans le grand ouvrage d’Apollonios. Au troisième
Page:Hérondas - Mimes, trad. Dalmeyda, 1893.djvu/56
Apparence