n’est donc pas purement et simplement la même chose que les changements apportés au mouvement de la matière psychique interne, elle en est la « perception ». Mais alors se pose cette nouvelle question : comment cette perception est-elle possible ? En introduisant la « perceptio », Telesio a avoué malgré lui que la chose n’est pas si facile. Il croit résoudre le problème en ramenant l’âme à la matière ; mais le petit lutin met malicieusement la tête au dehors et demande comment donc est perçu ce qui se passe dans cette âme matérielle ! —
Telesio cherche d’une façon intéressante à démontrer que toute connaissance est sensation. Il conteste la différence entre sensation et pensée en ramenant toute pensée à la sensation. En effet, un mouvement une fois provoqué dans l’esprit peut se reproduire par la suite, car l’habitude se forme d’admettre ce mouvement, ou peut-être le mouvement se conserve-t-il en partie. La connaissance liée à ce mouvement accoutumé ou répété est le souvenir. Que si un objet perçu auparavant dans sa totalité ne présente plus dans la suite à notre perception immédiate que certaines de ses qualités, nous pouvons cependant compléter la lacune par analogie avec notre perception passée et contempler l’objet dans sa totalité, bien qu’il ne soit donné qu’à l’état de fragment. Nous pouvons nous représenter le feu avec toutes ses qualités, bien que nous ne fassions peut-être que le voir luire, sans en percevoir la chaleur ni la force dévorante. C’est dans cette perception des données fragmentaires comme totalité que consiste d’après Telesio l’intellect (intelligere), qu’il préférerait pour cette raison appeler souvenir. La connaissance même la plus haute et la plus parfaite ne contient rien de plus que la faculté de découvrir les qualités et les conditions inconnues des choses par analogie avec un cas à nous connu comme totalité. Ce qui est absolument inconnu ne peut être connu. Il doit toujours y avoir un point de contact avec une donnée, et par conséquent un point d’attache pour l’esprit et le souvenir, lequel n’est qu’un prolongement de la sensibilité. Conclure, ce n’est pas autre chose que reconnaître de la façon indiquée les qualités manquantes. La logique pure et les mathématiques elles-mêmes proviennent de la sensation, qui nous montre quelque chose d’analogue à ce