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sauva grâce à son parjure acquit encore une valeur exceptionnelle par la publication de son deuxième chef-d’œuvre : Discours (Discorsi) sur deux sciences nouvelles, qui fut imprimé en Hollande (1638) — pour échapper à la censure. — Cet ouvrage qui contient le fondement de la physique moderne, dut, comme on a dit justement, se glisser par contrebande dans la littérature. Galilée mourut en 1642 ; son esprit fut actif jusqu’au dernier moment. — Relevons maintenant les points de vue les plus considérables qui constituent l’importance de Galilée dans l’histoire générale de la pensée35.

a) La méthode et les principes.

Galilée allègue contre la logique formelle qu’elle est excellente pour régler et corriger la marche de la pensée, mais qu’elle n’est pas un moyen de découvrir des vérités nouvelles. De semblables découvertes se font, dit-il, en dérivant une hypothèse de certaines expériences et en cherchant ensuite à montrer déductivement que l’hypothèse posée concorde avec d’autres expériences. La méthode analytique (metodo risolutivo) et la méthode synthétique (metodo compositivo) se complètent donc mutuellement. Si par induction l’on voulait entendre l’examen de tous les cas possibles, le raisonnement par induction serait impossible ou inutile : impossible si l’on ne pouvait comprendre tous les cas, inutile si l’on était capable de venir à bout de tous les cas. Il ne peut donc être question que d’examiner les cas les plus caractéristiques ; de ceux-ci on conclut aux autres. Mais il faut conjecturer une proposition avant d’en pouvoir trouver la preuve proprement dite. La confiance en l’exactitude de la proposition contribue beaucoup à en faire découvrir la preuve. D’un autre côté, il faut vérifier par le détail au moyen d’expériences ce que l’on conclut de principes généraux. — Ainsi Galilée démontra au moyen d’expériences faites sur le plan incliné la justesse de son hypothèse déduite a priori que les espaces parcourus avec une vitesse uniformément croissante sont entre eux comme les carrés des temps.

Mais ce concours de la déduction et de l’induction fait naître une difficulté, étant donné qu’en tirant nos conclusions déduc-