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Page:Höffding - Histoire de la philosophie moderne.djvu/187

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monde ; s’il ne s’exprime pas d’une façon arrêtée à ce sujet, cela vient peut-être de ce que le sort de Bruno lui donnait à penser.

On s’est étonné avec raison que dans sa discussion des systèmes du monde Galilée n’ait pas fait mention des lois de Kepler dont la déduction de la loi de la pesanteur devait devenir dans les mains de Newton un si puissant soutien du nouveau système. Galilée n’a dû leur attribuer qu’un intérêt purement mathématique sans se figurer qu’elles pouvaient prouver l’enchaînement physique de l’univers.

c) Les premières propositions de la théorie du mouvement.

À l’appui de son nouveau système du monde, Galilée s’autorise, ainsi qu’avant lui également Copernic, du principe de simplicité. La nature ne fait rien en vain ; pour cette raison elle prend toujours les voies les plus simples et cherche au moyen d’un petit nombre de causes simples à obtenir une diversité dans les effets. Ce principe de simplicité, qu’il opposa en astronomie aux systèmes compliqués de Ptolémée et de Tycho-Brahé, le conduisit en physique à formuler les premières lois des modifications des phénomènes matériels. Le plus simple à ses yeux était d’admettre qu’une chose reste dans l’état où elle se trouve s’il ne survient pas de changement. Kepler avait déjà posé le principe qu’un corps ne peut de lui-même passer de l’immobilité au mouvement. Galilée découvrit alors qu’un corps ne peut non plus modifier de lui-même son mouvement ou passer du mouvement à l’immobilité. C’est la loi qui a été appelée plus tard (d’une expression employée par Kepler) loi d’inertie. Cependant Galilée ne l’érige pas en principe général. Il n’a nulle part déclaré que la direction comme la vitesse se conserve. Dans les Dialogues il s’arrête principalement à la conservation de la vitesse ; il pense ici surtout au mouvement horizontal, et il admet que le mouvement circulaire durera aussi bien que le mouvement rectiligne. Le principe ressort avec plus de clarté dans les Discorsi. Un mouvement, dit-il, ne peut croître que si on lui communique une force nouvelle (impeto, momento) et ne peut diminuer que si on lui oppose un obstacle (impedimento), dans les deux cas par conséquent sous l’influence de causes externes. Si