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LIVRE TROISIÈME

LES GRANDS SYSTÈMES


À l’ère des idées nouvelles et des découvertes succède l’époque des tentatives pour ordonner et pour systématiser, pour ramener la foule des pensées et des faits à des pensées fondamentales, simples et solides. Ces tentatives furent faites dans la ferme confiance que la vraie base était trouvée. L’analyse fut remplacée par la construction. Cela eut cette grande importance pour la pensée qu’elle put maintenant mettre en plein jour le contenu des conceptions établies par la Renaissance et par la nouvelle science de la nature. Celles-ci furent fixées avec une sûreté dogmatique inconnue aux esprits de l’époque précédente, qui ne se rendaient pas un compte exact des divers principes et de leur portée. On formulait maintenant en toute connaissance de cause ce qui auparavant n’avait été qu’une vision plus ou moins confuse. Et à l’aide de ces hypothèses ainsi formulées, on construisit des systèmes qui tous avaient la prétention de remplacer le vieux système scolastique, auquel le coup de grâce fut seulement donné alors. Cependant, la tendance à obtenir une conclusion absolue de la connaissance, à tranquilliser la pensée par un principe ne renfermant plus lui-même de problème, était un héritage de la scolastique ; on voulait élever l’édifice nouveau à la hauteur de l’édifice abattu. L’impulsion naturelle, toujours plus ou moins active dans l’esprit humain, qui pousse à enchaîner toutes les idées supposées valables, se manifesta alors avec une vivacité, une énergie et une puissance géniales que l’on chercherait en vain dans les autres périodes de l’histoire de la philosophie moderne. Cela tient à ce que l’on