des puissances absolues ; c’était en politique le siècle de la monarchie absolue et par une analogie naturelle il le devint également en philosophie. Le Cartésianisme ne tarda pas à tomber dans le mysticisme. C’étaient en second lieu les rapports de l’âme et du corps considérés comme des substances qui s’excluent mutuellement et qui cependant doivent être en action réciproque. Le maître lui-même avait été jusqu’à déclarer que cela se comprenait seulement tant qu’on ne philosophait pas. Quelques-uns des disciples continuèrent de philosopher en ce point ; ils trouvèrent là une chose incompréhensible qui leur réapparut dans l’expérience partout où des choses différentes doivent agir les unes sur les autres. Le Cartésianisme fut ainsi amené à restreindre la connaissance, de façon à ne plus démontrer que la succession et l’enchaînement extérieur des phénomènes ; leur enchaînement intérieur est déclaré incompréhensible. C’était préparer la façon dont la théorie de la connaissance traita par la suite le problème de causalité. — Ces deux questions concourent à former ce qu’on appelle l’occasionnalisme ; l’élément mystique, la tendance à concentrer toute réalité et toute causalité dans la substance absolue, en étant l’élément prépondérant. Examinons succinctement les principaux représentants de cette tendance.
Louis de la Forge, un médecin français, déclarait déjà dans son Tractus de mente humana 1669 (publié en français dès 1661), que, si difficile qu’il soit de comprendre comment l’esprit peut mettre le corps en mouvement, la difficulté n’est pas moindre de concevoir comment un corps peut mouvoir un autre corps. Peut-être un autre Cartésien (cf. L. Stein dans Archiv für Gesch. der Philos. I. p. 56), Géraud de Cordemoy, avocat à Paris, qui fut par la suite précepteur du Dauphin, a-t-il exprimé cette pensée avant De la Forge ; ce serait alors lui qui devrait être regardé comme le créateur de l’occasionnalisme. De la Forge déclare que les rapports de l’âme et du corps ne s’expliquent qu’en admettant que Dieu les a mis primitivement en accord ; Cordemoy lui va plus loin et enseigne qu’il n’est pas plus possible à l’âme d’acquérir de nouvelles idées qu’au corps d’acquérir de nouveaux mouvements, sans l’intervention de Dieu. Les êtres finis, les âmes comme les corps, ne sont