Page:Höffding - Histoire de la philosophie moderne.djvu/280

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nous-mêmes les principes, nous devons chercher à trouver les principes qui furent appliqués par l’auteur de la nature lors de la création. Par là, la physique se distingue de la géométrie et de la mécanique (De corpore, cap. 25, 1. De homine, cap. 10, 5). — En passant de la mécanique à la physique nous devons donc suspendre notre déduction pour rechercher quels phénomènes sont donnés et pour former nos hypothèses par l’analyse de ces faits. Maintenant la question est de savoir si cela n’est pas non plus vrai des postulats de la logique, de « la première philosophie », de la géométrie et de la mécanique ; ces postulats ne seraient donc pas davantage apodictiques ; ils auraient un caractère hypothétique. Ceci semble ressortir de ce fait qu’on a besoin de l’analyse pour les trouver53.

L’autre point où la progression successive du système fait place à des faits plus complexes, se trouve au commencement de la science de l’esprit. Non seulement les causes des mouvements psychiques peuvent — d’après Hobbes — se trouver déductivement, c’est-à-dire à l’aide des théorèmes de la mécanique et de la physique, mais chacun a la faculté en s’observant soi-même (per unius cujusque proprium animum examinantis experientiam) de connaître les principes sur lesquels s’appuie la politique, c’est-à-dire les sentiments, les appétits humains et leurs tendances. Voilà pourquoi on peut aboutir à la politique non seulement en suivant la longue suite de déductions de la géométrie et en passant par la mécanique et la physique, mais encore directement, inductivement, en partant des faits de l’observation personnelle, que l’on pose comme nouveaux points de départ de la déduction (De corp., cap. 6, 7). Hobbes reconnaît ici l’indépendance de la psychologie empirique vis-à-vis de la science de la nature matérielle. Il avait d’autant plus de raisons d’appeler l’attention sur ce point qu’il avait lui-même publié des écrits psychologiques et politiques (Elements of Law, De cive et le Leviathan) avant l’ouvrage qui précède dans son système les sciences de l’esprit (De corpore). Il aurait dû faire ici un pas de plus. Car ce qui se pouvait comprendre physiquement par déduction, ce ne pouvait être que les faits physiologiques qui sont en relation avec les phénomènes psychiques. En leur qualité de phénomènes de con-