déduire les conséquences de son hypothèse, que toutes les planètes se meuvent d’après les mêmes lois que les corps tombant à la surface de la terre ; puis il montra que les conséquences en sont vraiment confirmées par l’expérience. Enfin il conclut que c’est la même force qui agit en ces deux endroits. Des phénomènes, il s’élève à la loi, et de la loi à la force. Il appelle cette force l’attraction, en ajoutant expressément que par cette dénomination il ne prétend fixer en rien la nature de la force, qu’il se borne à exprimer qu’elle fait rapprocher un corps d’un corps plus grand. À vrai dire, il ne croit pas à une force qui agisse de loin. Dans les Principia (2, 11) comme dans les Opticks (Query, 18-24), il déclare en effet que la force centripète devrait s’appeler plutôt « impulsion » (impulsus) qu’ « attraction » (attractio). L’hypothèse la plus vraisemblable serait en effet d’admettre une matière éthérée pénétrant tout et moins dense à proximité des corps célestes qu’à de grandes distances de ces mêmes corps ; cette hypothèse permettrait peut-être d’expliquer non seulement la pesanteur, mais encore la lumière et la chaleur. Son point de vue principal est toutefois exprimé dans le Scholium generale (à la fin du livre IIIe des Principia) : « Je n’ai pas encore pu faire dériver des phénomènes la raison des propriétés de la pesanteur, et je ne me mêle pas d’inventer des hypothèses. » Pemberton (A view of Sir Isaac Newton’s philosophy, London, 1728, p. 407), raconte que Newton s’est plaint à lui d’avoir été mal compris du public. On croyait qu’il avait voulu par ce terme d’attraction donner une explication, alors qu’il voulait simplement attirer l’attention sur une force de la nature, dont il appartenait à une investigation plus complète de rechercher la cause et la puissance. Toutefois il inclinait (et ses disciples encore plus que lui) à voir dans la pesanteur une action immédiate de Dieu. — La doctrine de Newton n’est point du tout dans une opposition aussi marquée avec la physique cartésienne, que le croyaient les Cartésiens, Leibniz et beaucoup des amis de Newton. À proprement parler, il partage les vues générales de Descartes, bien qu’il en corrige les manières de voir spéciales grâce à la perfection de sa méthode. Il fut accusé bien à tort de vouloir réintroduire les « qualités occultes » de
Page:Höffding - Histoire de la philosophie moderne.djvu/431
Apparence