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Page:Höffding - Histoire de la philosophie moderne.djvu/444

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est le seul exemple d’activité que nous possédions. Berkeley trouve l’expression de notre être propre dans cette faculté : l’âme est la volonté (the soul is the will) dit-il (Common-place Book, p. 428, éd. 1871). Berkeley désigne toute activité interne, même la pensée, par le terme de volonté : « Ce que je pense, quoi que ce soit, je le nomme idée (idea). La pensée ou l’acte de pensée lui-même n’est pas une idée, mais un acte, c’est-à-dire un acte de volonté, ou — par opposition aux effets — une volition (Common-place Book, p. 460). Son essence n’est pas d’être perçu, mais de percevoir (son esse est percipere). La volonté est la seule forme d’activité que nous connaissions. Berkeley n’est pas d’accord avec lui-même sur la connaissance que nous avons de notre volonté, c’est-à-dire de l’essence vraie de notre esprit. Mais ce qu’il y a de certain pour lui, c’est que la science que nous avons de notre propre nature active ne peut pas être une idée (idea), puisque toute idée est passive. Ce n’est pas une idée, mais une notion (notion) que nous avons de nous-mêmes. Mais dans un autre passage (Principles, § 27) il enseigne que nous connaissons l’esprit ou l’élément actif au moyen de ses effets (c’est à-dire des changements d’idées) ; dans un autre passage (Dialogues between Hylas and Philonous, 3. Dial., Edit. Fraser, 1871, I, p. 326 et suiv.), il nous attribue une connaissance immédiate de notre esprit et de ses idées : nous les saisissons au moyen de la-réflexion (by reflection). Mais de quelque façon que nous percevions notre esprit, nous sommes réduits pour former l’idée de la source des phénomènes, à nous appuyer sur l’analogie avec notre esprit. Nous pensons Dieu par analogie avec notre esprit, seulement à la condition d’y élever les puissances à l’infini. Les idées réelles sont dès lors celles que Dieu nous suggère, et en même temps nous comprenons maintenant comment les choses peuvent exister alors même que nous ne les percevons pas : elles existent en puissance à l’état de possibilités en Dieu, leur cause constante (cf. Common-place Book, p. 489). La volonté divine se manifeste à nous dans l’ordre et l’enchaînement de nos sensations, la divine providence dans la finalité qu’offrent les phénomènes de la nature. Si la nature était un être différent de Dieu, elle serait une chimère païenne. La conception ordinaire