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Page:Höffding - Histoire de la philosophie moderne.djvu/451

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nous vérifions la valeur d’une idée, nous devons pour cette raison avant tout nous demander quelle sensation a produit cet effet. Hume voit dans l’origine des sensations un problème insoluble pour notre connaissance, mais un problème dont la solution n’est pas nécessaire pour traiter son sujet (cf. Treatise I, 3, 5 ; en d’autres passages, tels que II, 1, 1, il se sert des termes ordinaire. — Au moyen de ce principe fondamental (que Berkeley n’avait appliqué qu’aux idées d’espace et de matière ) Hume examine une série d’idées importantes. — L’idée de substance ou d’être doit être déclarée illégitime, vu que nous n’avons pas de sensation correspondante. Nous ne percevons immédiatement que des qualités particulières, plus ou moins solidement reliées entre elles, mais nous ne percevons pas d’« essence ». — Les idées mathématiques du temps et de l’espace sont formées par idéalisation. L’expérience ne nous montre qu’une égalité imparfaite des grandeurs de temps et d’espace ; toutes les mesures que nous possédons sont imparfaites ; — mais lorsque l’expérience nous a donné l’occasion de comparer différents degrés de ressemblance et diverses mesures, nous formons l’idée d’égalité parfaite et de mesure parfaite (par exemple l’idée d’une ligne parfaite) ; l’imagination une fois mise en mouvement poursuit son cours, bien que l’expérience ne puisse suivre. La géométrie portant sur des objets idéaux de ce genre, son application à des objets réels ne saurait acquérir une exactitude pleine et entière. — Pas plus que la notion de substance et que les notions mathématiques, l’idée d’existence ne correspond à aucune sensation. Penser à une chose et penser cette chose comme existante, ce ne sont pas deux choses différentes. Notre idée de l’objet reste pure idée, alors même que nous pensons l’objet existant, et nous n’accordons pas de qualité nouvelle à une chose en nous la représentant comme existante.

Examinant la valeur de notre connaissance en général, Hume distingue entre la connaissance qui ne consiste qu’en l’interprétation des rapports réciproques de nos idées (les sciences formelles : la logique et les mathématiques), et la connaissance qui nous mène au delà des sensations données, et qui nous convainc de l’existence de quelque chose qui n’est pas donné.