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Page:Höffding - Histoire de la philosophie moderne.djvu/501

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Leibniz87, l’influence qu’a exercée sur Diderot l’auteur de la théorie des monades n’en est pas moins facile à constater. Il peut, il est vrai, tenir de Toland l’idée que le mouvement est une propriété primordiale. De même la conception de l’état de repos comme état d’énergie ou de tension (nisus), contenue dans le petit traité : Principes philosophiques sur la matière et le mouvement, peut procéder de philosophes autres que Leibniz. Mais lorsque dans son fameux dialogue : Entretien entre d’Alembert et Diderot il ne se borne pas, comme La Mettrie et plusieurs des savants d’alors, à voir dans la faculté de sentir, dans la sensibilité, une qualité générale et essentielle de la matière, mais, qu’en poussant davantage cette pensée, il établit une différence entre sensibilité potentielle et sensibilité actuelle (sensibilité inerte — sensibilité active), par analogie avec la différence entre énergie « morte » et force « vive », on ne peut guère s’empêcher d’y trouver l’influence de l’une des idées les plus considérables de Leibniz. Pour Diderot la vie et l’esprit de la nature sont éternels. Jamais ils ne sont de simples produits ou de simples résultats de processus mécaniques. Leurs germes existent dès le début, et il s’agit simplement de savoir si les conditions de développement se réalisent. Il se produit un passage de la forme potentielle à la forme actuelle chaque fois que l’organisme transforme la nourriture en sang et en nerfs ! Quelque importance qu’il faille attacher aux conditions externes, les conditions internes, primordiales sont malgré tout l’essentiel pour Diderot : c’est une grande absurdité de croire que d’une molécule morte on puisse former un système vivant en y ajoutant une, deux ou trois molécules mortes ! Un déplacement de molécules pourrait engendrer la conscience ! Non, ce qui possède la vie et la conscience, les a toujours possédées et les possédera toujours. Pourquoi la nature entière ne serait-elle pas faite de même ? La différence qui sépare les degrés inférieurs des degrés supérieurs se réduit à ceci : ce qui dans les degrés supérieurs existe sous une forme concentrée est réparti dans les degrés inférieurs sur une grande quantité d’éléments (Lettre à Mlle Voland, 15 octobre 1759). C’est cette pensée qui est développée dans l’Entretien entre d’Alembert et Diderot et dans Le rêve de