foule d’inconvénients inhérents à leur existence, et ensuite que la royauté absolue en France, et ses imitations en d’autres lieux, avaient tout fait pour réduire les termes intermédiaires entre l’individu et l’État au minimum d’importance.
La société sous sa forme la plus simple, celle qui sert de base fondamentale à toutes les autres, est née d’une convention qui, à son tour, a pour cause les besoins de l’homme. Pour bien comprendre la théorie ainsi posée du contrat social, il convient de considérer d’un peu plus près la façon dont Althusius conçoit la convention qui doit former la base de toute vie sociale. Elle sera produite par le besoin. Mais il ne semble pas à Althusius que ce besoin doive être conçu comme purement égoïste. Là notamment où il parle de la formation de la famille et de la société du voisinage, il emploie, pour expliquer sa pensée, non seulement le terme de « nécessité », mais encore celui de « sentiment naturel » (naturalis affectio). Il adhère à la définition d’Aristote, l’homme est un « animal sociable » à un bien plus haut degré que les abeilles ou que les autres animaux vivant en communauté. On ne voit pas clairement les rapports de ce « sentiment naturel » et de cette inclination sociale avec l’instinct de conservation personnelle. Althusius n’a pas éprouvé le besoin de faire une plus ample analyse psychologique. Il aurait dû cependant se sentir d’autant plus poussé dans cette voie qu’il réduit le pacte purement individuel à la société la plus simple pour en faire sortir les autres sociétés. La croyance au développement naturel de la société se trouve en contradiction manifeste avec la tendance arbitraire immédiate de l’individu pris isolément. Même si, d’après Althusius, c’est la volonté des individus fondateurs d’une société qui donne naissance à cette société, ceux-ci ne peuvent cependant, d’après sa propre doctrine, qu’en donner l’impulsion première ; dans la suite ils ne figurent pas comme individus, mais comme membres de la corporation, non comme atomes indépendants, mais comme éléments d’une molécule composée, dont les mouvements ne partent pas de l’atome individuel seul. Il n’y a pas d’individus absolus ; tous les individus ont malgré eux une tendance sociale. La théorie du contrat, en posant des individus absolus, se trouve dès le début en opposition avec la conception