76. P. 391. Wolff dit dans la préface à la première édition des Pensées rationnelles, etc. « Au début je m’étais proposé de laisser absolument sans solution le problème de la communauté du corps avec l’âme et de l’âme avec le corps, mais les raisons exposées dans l’autre chapitre m’ayant conduit naturellement, contre mon attente, à l’harmonie préétablie de M. de Leibniz, j’ai conservé cette ingénieuse invention en l’éclairant d’une lumière plus vive qu’il n’a été fait jusqu’ici. » — Dans la préface à la deuxième édition, il s’étend davantage sur les rapports de sa doctrine avec celle de Leibniz. Leibniz, dit-il, alliait l’idéalisme (la liaison ininterrompue des phénomènes spirituels), avec le matérialisme (la liaison ininterrompue des phénomènes matériels), sans examiner davantage chacune d’elles en particulier. C’est ce que Wolff croit avoir fait et il aboutit au résultat suivant : les dualistes peuvent unir la doctrine des idéalistes avec celle des matérialistes. — Voici en effet une définition exacte de la différence qui existe entre Leibniz et Wolff en ce point. Leibniz professe l’hypothèse d’identité (bien qu’avec une modification spiritualiste), et Wolff professe le dualisme (bien qu’avec cette opinion, empruntée à l’hypothèse d’identité, que les phénomènes spirituels et les phénomènes matériels, forment, chacun de leur côté, une liaison ininterrompue). — Quantité d’objections qu’on élève d’ordinaire contre l’hypothèse d’identité, peuvent s’adresser à la théorie de Wolff à laquelle le terme de « duplicisme » qui ne convient pas du tout à l’hypothèse d’identité proprement dite, s’applique très bien.
77. P. 406. Molyneux, ami de Locke, expliquait la contradiction apparente des deux propositions (dont la première se trouve dans l’Essay IV, 3, 10, la seconde dans l’Essay IV, 10, 5 en disant que dans le premier passage Locke veut dire que Dieu peut donner d’une façon surnaturelle, à la matière, la faculté de penser tandis que dans le second passage il est question de la matière sans influence surnaturelle de ce genre (Lettre à Locke, 22 déc. 1692). Locke déclare que cette conception est tout à fait juste (Lettre du 20 janvier 1693). (The Works of John Locke, 9e éd. London, 1794, IX. p. 293-303).
78. P. 411. À vrai dire Locke ne pose pas formellement ce triple pouvoir. Là où il parle du besoin de quitter l’état de nature,(Civil Government, II, § 124-126) il indique comme nécessaires le pouvoir législatif, des juges impartiaux et le pouvoir exécutif. — Ensuite (§ 136) il insiste sur la nécessité que le pouvoir législatif ne juge pas, car ce serait ouvrir la voie à l’arbitraire. Mais lorsqu’il établit (chap. 12-13) trois pouvoirs civils et qu’il examine leurs rapports réciproques, cette trinité se compose du pouvoir législatif, du pouvoir exécutif et du pouvoir fédératif. Par ce dernier pouvoir, Locke entend une autorité représentant l’État dans ses relations avec l’extérieur, avec d’autres sociétés en face desquelles il se trouve à l’état de nature. Or Locke déclarant que le mieux serait de voir le pouvoir exécutif et le pouvoir fédératif réunis dans une seule main (§ 147-148), par cela même la différence des deux pouvoirs disparaît, et comme dans un autre contexte il attache une grande importance à la séparation du pouvoir législatif et du pouvoir judiciaire, la trinité ressort en cela distinctement chez lui. — Du reste Locke, dans la théorie de la division du pouvoir civil, a des devanciers dans Buchanan, Hooker et Sidney. Cf. O. Giercke : Joh. Althusius, p. 157, 163 et suiv.
79. P. 433. Dans le Scholie qui vient après les définitions, il est question de « l’espace vrai, absolu et mathématique » (de même pour le temps). « Le vulgaire (vulgus) ne conçoit au contraire les grandeurs que par rapport aux choses sensibles » (ex relatione ad sensibilia). Mais à la fin de la Definitio 8 la considération « vraie, physique » est opposée à la considération mathématique : vere et physice à mathematice tantum ! — À cela tient éga-