Page:Hœfer - Histoire de la chimie, volume 1, 1866.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ténèbres, comme si la loi du contraste devait s’accomplir partout nécessairement.

La science , cette grande manifestation de l’équilibre entre l’intelligence et la matière, entre l’expérience et la raison, commence à se montrer, revêtue de ses formes sévères, et entourée de preuves propres à convaincre plutôt la raison, qui tend sans cesse vers l’unité, qu’à parler à l’imagination, qui se plaît dans la variété des choses.

Pour bien fixer les idées, citons un exemple. Tout le monde connaît les accidents d’asphyxie qui arrivent dans les mines. Les anciens les expliquaient par la présence d’airs irrespirables, qui, disaient-ils, éteignent la lampe du mineur en mûme temps que la vie.

Pour les alchimistes, ce n’étaient plus des airs irrespirables, mais des démons malins qui égaraient l’ouvrier dans les mines, et l’y faisaient périr traîtreusement.

Enfin, revenant à l’idée première après s’en être écartée, l’observation démontre aujourd’hui scientifiquement ce que les anciens n’avaient entrevu qu’idéalement.

Mais ce n’est pas seulement le développement de la chimie qui présente les phases indiquées. La physique, l’astronomie, toutes les sciences, presque toutes les connaissances humaines, paraissent, dans leur marche, suivre la même voie.

Autre exemple. Qu’est-ce qui fait monter l’eau dans un corps de pompe ?

Vitruve, l’organe de la science de l’antiquité, répond que c’est l’air; mais il n’en donne aucune démonstration.

Les physiciens du moyen âge prétendent que c’est l’horreur du vide, et ils émettent ici des théories sans fondement.

Enfin, personne n’ignore que l’opinion de Vitruve est aujourd’hui , après un intervalle de près de vingt siècles , confirmée et démontrée scientifiquement.

Un dernier exemple. Pythagore enseignait que la terre tourne autour du soleil, et que celui-ci occupe le centre du monde. Plus tard, on enseignait tout le contraire. Enfin Kopernik fonda la science sur une idée qui s’était d’abord présentée au génie de Pythagore, comme une de ces conceptions qui ne se démontrent pas.

Ainsi, la vérité est presque toujours méconnue, souvent repoussée, lorsqu’elle vient s’offrir en quelque sorte d’elle-même