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PREMIÈRE ÉPOQUE
COMPRENANT
LES PREMIERS TEMPS HISTORIQUES JUSQU’AU IXe SIÈCLE
DE L’ÈRE CHRÉTIENNE.

Depuis les temps les plus reculés jusqu’aux premiers siècles de l’ère chrétienne, on ne rencontre aucun auteur qui parle de la chimie. Mais, si la science manquait de nom, les matériaux ne manquaient pas à la science. C’est dans les ateliers du forgeron , de l’orfèvre , du peintre, du vitrier, dans le cabinet du médecin, du naturaliste, dans les systèmes des philosophes, qu’il faut chercher les données initiales de la chimie. C’est, en un mot, toute la civilisation de l’antiquité qu’il faut évoquer pour embrasser d’un coup d’œil les éléments constitutifs de la science dont nous allons essayer de tracer l’histoire.

Quel est le peuple qui a le premier cultivé la chimie ? Cette question, souvent agitée, a été résolue tantôt en faveur des Chinois, tantôt en faveur des Égyptiens.

Mais la question, ainsi posée, ne manque-t-elle pas d’élévation ? elle se réduit, en effet, aux bornes étroites d’une mesquine question de priorité ; elle ne tend pas à remonter aux sources primordiales, aux besoins, aux instincts mêmes de l’intelligence humaine.

Les sciences et les arts sont intimement liés à la civilisation, et la civilisation suppose des populations agglomérées sur un espace relativement très-restreint : les pays les plus civilisés sont en même temps les plus peuplés. Ce fait indique comment il faut poser la question pour lui donner une plus haute portée et la résoudre en conséquence.

La pratique précède la théorie. Les arts et l’industrie sont donc beaucoup plus anciens que la science qui doit concilier la théorie avec la pratique. A leur tour, les arts et l’industrie ne sont que les résultats des besoins que l’homme se crée, soit nécessairement, soit artificiellement.