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Page:Hœfer - Histoire de la chimie, volume 1, 1866.djvu/48

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HISTOIRE DE LA CHIMIE

peuples limitrophes : si elle a été conquise, elle l’a toujours été par des nations inférieures en nombre, et les conquis ont fini par s’assimiler complètement les conquérants (1[1]).

L’Egypte, au contraire, en changeant souvent de maîtres, perdit peu à peu les coutumes de ses ancêtres, et en adoptant des usages nouveaux elle finit par altérer son type.

Les Phéniciens nous présentent également le spectacle d’un peuple nombreux, établi sur un territoire proportionnellement très-restreint. Ici encore le génie de l’homme devait suppléer au défaut de la nature. Par son territoire la Phénicie était petite, mais ses habitants étaient grands par leur commerce, par leur industrie, par tous les arts de la paix. Les marchandises de Tyr et de Sidon étaient recherchées dans le monde entier. Ce peuple, essentiellement navigateur et commerçant, resserré dans des limites étroites par suite des conquêtes de ses voisins, fut naturellement porté à fonder des colonies dans les contrées qu’il aborda le premier. Ce fut ainsi qu’il découvrit l’Espagne (2[2]). Ce pays était riche en or et en argent ; ses habitants n’en connaissaient ni la valeur ni l’usage (3[3]).

  1. Quelques érudits, De Guignes entre autres, ont prétendu que l’Egypte était une colonie chinoise. Rosellini (Quarterly Review, num. 105, févr. 1835) et Davis (la Chine, vol. II, p. 184) possèdent, dans leurs collections, des flacons trouvés dans des tombes égyptiennes. « Ces flacons sont, dit M. Davis, identiques, pour la forme et même pour la beauté de la porcelaine, aux flacons de senteur et aux bouteilles à tabac fabriquées actuellement en Chine. Sur un de ces flacons on voit une image de plante légèrement esquissée ; la tige et les feuilles ont l’air d’un dessin exécuté à l’encre de Chine. Le style de cette esquisse est complètement chinois. De l’autre coté sont cinq caractères pareils à l’écriture cursive des Chinois. » — Ce n’est pas avec quelques fragments d’antiques, d’une authenticité plus ou moins contestable, que l’on reconstruit l’antiquité ; c’est bien plutôt avec cette profondeur de vue qui embrasse l’ensemble des détails. Michel-Ange, par la seule conception de son génie, restaura une statue antique mutilée ; et lorsque, plus tard, on découvrit le fragment véritable, on le trouva en tout semblable à la pierre ajoutée par ce grand maître.
  2. Le nom Espagne est lui-même phénicien ; il dérive de Spanja, ou de l’hébreu (qui a beaucoup d’analogie avec le phénicien) שׇכׇן (chapan), qui signifie lapin, ou animal qui se creuse des terriers, parce que, d’après les témoignages anciens, l’Espagne était remplie d’une quantité prodigieuse de lapins. — (Varro, De re rustica, litt. 3, c. XIII. Strab. IIIPlin., Hist. nat., lib. VIII.) Il est bon d’ajouter que ce même nom signifie, au figuré, un ouvrier qui creuse dans les mines.).
  3. Strab., lib.  III}}. — Diod. de Sicile, V