Page:Hœfer - Histoire de la chimie, volume 1, 1866.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
HISTOIRE DE LA CHIMIE

Ainsi, le mot חֹמֶץ (khomets), qui signifie (en hébreu, en chaldéen, en phénicien, etc.) vinaigre, dérive de חׇֹמֵץ (khamets) qui veut dire ferment, comme pour indiquer que le vinaigre est un produit de la fermentation. Bien plus, le nom יין (yine) vient lui-même du verbe יין faire effervescence, se soulever (1[1]), comme pour faire allusion au moût, qui se soulève (en dégageant de l’acide carbonique) pour se transformer en vin. Le nom יין (yine) qui signifie produit de la fermentation, est à peu près le même en phénicien, en syriaque, en arabe, en cophte et en arménien (ghini). Le nom grec οἱνς et le latin vinum dérivent évidemment de la même racine ; car οἶνος devait se prononcer inos comme on le prononce encore aujourd’hui en Grèce, et peut-être faisait-on sonner en même temps l’esprit doux (’) comme v, de manière à prononcer vinos ; de là le latin vinum (2[2]). C’est de ce dernier mot que dérive l’allemand wein (en bas-saxon wyn), l’anglais wine, l’italien vino, le français vin, enfin les mots qui dans toutes les langues indo-européennes signifient vin, c’est-à-dire, produit de la fermentation.

Mais ce n’est pas seulement avec les raisins qu’on faisait une boisson fermentée ; le suc du palmier et d’autres végétaux servait depuis fort longtemps à la préparation des liqueurs fermentées. Le vin de palmier des Assyriens est déjà mentionné par Hérodote (3[3]).

L’idée d’écraser les fruits pour en retirer, soit la fécule, soit le suc, amena la découverte de l’huile. Dans presque toutes les graines où l’embryon n’est pas entouré de fécule, on trouve, à la place de celle-ci, une matière grasse, qui paraît, comme la fécule, être destinée à nourrir l’embryon à mesure qu’il se développe. Selon toute apparence, l’huile, la fécule et le moût ont été découverts en même temps ; car l’homme qui le premier songea à écraser le fruit de la vigne n’avait aucune raison pour ne pas poursuivre ses expériences : il devait essayer de traiter de même tous les fruits secs ou charnus des plantes qu’il avait sous les yeux.

  1. חֶֹמֶר (khemer), qui signifie aussi vin, vient du verbe חַֹמַר (khamar), qui veut dire faire effervescence, fermenter
  2. Ce qui prouve que l’esprit doux (’) était souvent prononcé comme v c’st que οἶς (brebis), αιών (âge), ont donné naissance aux mots latins ovis, ævum qui ont les mêmes significations.
  3. Herod., I, 113