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Page:H G Wells La guerre des mondes 1906.djvu/211

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pouvoir ni se tenir ni parler. Je ne pus tirer de lui que des injures et des menaces, et s’il n’avait pas eu une physionomie aussi brutale, je serais resté avec lui.

Au long de la route, à partir du pont, il y avait partout une couche de poussière noire qui, dans Fulham, devenait fort épaisse. Une effrayante tranquillité régnait dans les rues. Dans une boulangerie, je trouvai du
pain, suri, dur et moisi, mais encore mangeable. Du côté de Walham Green, la poussière noire avait disparu et je passai devant un groupe de maisons blanches qui brûlaient ; le crépitement des flammes me fut un réel soulagement, mais dans Brompton les rues redevinrent silencieuses.

Bientôt, la poussière noire tapissa de nouveau les rues, recouvrant les cadavres épars. J’en vis une douzaine en tout, au long de la grand’rue de Fulham. Ils devaient être là depuis plusieurs jours, de sorte que je ne m’attardai pas auprès d’eux. La poussière noire qui les enveloppait adoucissait leurs contours, mais quelques-uns avaient été dérangés par les chiens.

Dans tous les endroits que n’avait pas envahis la poussière noire, les boutiques closes, les maisons fermées, les jalousies baissées, l’abandon et le silence faisaient