Page:H G Wells La guerre des mondes 1906.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


IV

LE CYLINDRE SE DÉVISSE

Quand je revins à la lande, le soleil se couchait. Des groupes épars se hâtaient, venant de Woking, et une ou deux personnes s’en retournaient. La foule autour du trou avait augmenté, et se détachait noire sur le jaune citron du ciel – deux cents personnes environ. Des voix s’élevèrent et il sembla se produire une sorte de lutte à l’entour du trou. D’étranges idées me vinrent à l’esprit. Comme j’approchais, j’entendis la voix de Stent qui s’écriait :

— En arrière ! En arrière !

Un gamin arrivait en courant vers moi :

— Ça remue, me dit-il en passant — ça se dévisse tout seul. C’est du louche, tout ça — merci — je me sauve.

Je continuai ma route. Il y avait bien là, j’imagine, deux ou trois cents personnes se pressant et se coudoyant, les quelques femmes n’étant en aucune façon les moins actives.

— Il est tombé dans le trou ! cria quelqu’un.

— En arrière ! crièrent des voix.

La foule s’agita quelque peu, et en jouant des coudes je me frayai un chemin entre les rangs pressés. Tout ce monde semblait grandement surexcité. J’entendis un bourdonnement particulier qui venait du trou.

— Dites donc, me cria Ogilvy, aidez-nous à maintenir ces idiots à distance. On ne sait pas ce qu’il peut y avoir dans cette diable de Chose.

Je vis un jeune homme, que je reconnus pour un garçon de boutique de Woking, qui essayait de regrimper hors du trou dans lequel la foule l’avait poussé.