Page:H G Wells La guerre des mondes 1906.djvu/41

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Dans le crépitement, le sifflement et l’éclat aveuglant des arbres en feu, la foule frappée de terreur semble hésiter pendant quelques instants. Des étincelles et des brindilles commencèrent à tomber sur la route, avec des feuilles, comme des bouffées de flamme. Les chapeaux et les habits prenaient feu. Puis de la lande vint un appel.

Il y eut des cris et des clameurs et tout à coup l’agent de police à cheval arriva, galopant vers la foule confuse, la main sur sa tête et hurlant de douleur.

— Ils viennent ! cria une femme, et immédiatement chacun tourna les talons, et, poussant ceux qui se trouvaient derrière, tâcha de regagner au plus vite la route de Woking. Tous s’enfuirent aussi confusément qu’un troupeau de moutons. À l’endroit où la route était plus étroite et plus obscure entre les talus, la foule s’écrasa et une lutte désespérée s’ensuivit. Tous n’échappèrent pas : trois personnes — deux femmes et un petit garçon — furent renversées, piétinées, et laissées pour mortes dans la terreur et les ténèbres.