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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/116

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lement libre, mais déterminée par l’organisation du cerveau, et celle-ci à son tour, dans ses propriétés individuelles est soumise d’une part aux lois de l’hérédité, de l’autre à l’influence de l’adaptation. C’est seulement parce que la liberté apparente de la volonté est d’une si extraordinaire importance pratique dans le domaine de la religion et de la morale, de la sociologie et de la jurisprudence, qu’elle continue de faire l’objet des affirmations les plus contradictoires. En théorie, le déterminisme, la conviction que toutes nos actions volontaires s’enchaînent étroitement est depuis longtemps établi.

La croyance à la liberté absolue de la volonté et à l’immortalité personnelle de l’âme, s’accompagne, aujourd’hui encore, chez beaucoup de gens des plus cultivés, d’un troisième article de foi : la croyance en un Dieu personnel. Comme on sait, cette pieuse croyance, dont on fait souvent à tort une pierre fondamentale de toute religion, est l’objet d’interprétations indéfiniment variées. Cependant la plupart ont un trait commun, qui est l’anthropomorphisme avoué ou dissimulé. Dieu est conçu comme un « Être suprême », qui, si on l’examine de plus près, se révèle comme un homme idéalisé. Tandis que, d’après le récit mosaïque de la création, « Dieu créa l’homme à son image », de fait c’est le plus souvent le contraire qui a lieu : « L’homme crée son Dieu à son image ». Cet homme idéalisé en tant que démiurge, construit le monde, ainsi qu’un grand architecte, il façonne les diverses espèces d’animaux et de plantes, ainsi qu’un statuaire, il régit le monde ainsi qu’un sage et tout-puissant monarque, et au jour