Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/122

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de Feuerbach, les recherches sur la vie de Jésus de D. Strauss et Renan, plus récemment les conférences faites ici même par Delitzsch et Harnack — ont laissé bien peu de chose debout de ce que l’orthodoxie sévère maintient comme base indispensable du christianisme historique. Kalthoff, de Brême, va même jusqu’à déclarer que toutes les traditions chrétiennes sont des mythes et que le développement du christianisme est un produit nécessaire de la civilisation de l’époque.

En regard de ces puissantes tendances rationalistes de la théologie et de la philosophie au début du xxe siècle, il y a lieu de déplorer sous bien des rapports comme un triste anachronisme que, dans les deux plus grands états allemands, la Prusse et la Bavière, les ministères influents de l’instruction naviguent en plein dans l’eau trouble de l’Église romaine et cherchent à en implanter l’esprit jésuite dans l’enseignement primaire comme dans le supérieur. Il n’y a pas plus de quelques semaines, le ministère prussien des cultes — un des plus arriérés, dans l’histoire de l’enseignement en Allemagne — faisait à nouveau des tentatives dangereuses pour opprimer la liberté académique, palladium de la vie intellectuelle en Allemagne. Cette croissante réaction intellectuelle dans « l’Empire allemand de l’esprit romain », fait songer à ces tristes époques du xviiie et du xixe siècle où des milliers de citoyens allemands parmi les meilleurs, les plus honnêtes et les plus doués émigraient vers l’Amérique du Nord afin d’y pouvoir, sans entrave, déployer dans un air libre, leurs forces intellectuelles. Si ce processus de sélection a été positivement profitable aux États-Unis, son action, en