Aller au contenu

Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’admit plus que la rigoureuse nécessité de la loi naturelle ; par contre, dans toute la nature organique, dans la création et l’existence des animaux et des plantes, on faisait intervenir la sagesse et la toute puissance du créateur, construisant et régissant d’après un plan ; en un mot : dans l’abiotique, dans le monde inorganique, tout était produit par la causalité mécanique, — dans la biologie, dans la nature organique, par la finalité téléologique.

La philosophie proprement dite ne s’inquiétait pour ainsi dire pas de ce dilemme. Presque exclusivement préoccupée de spéculations métaphysiques et dialectiques, elle regardait les progrès immenses accomplis dans l’intervalle par les sciences naturelles, avec un souverain mépris, ou du moins avec indifférence. En tant que pure science de l’esprit, la philosophie pensait pouvoir faire sortir le monde du cerveau humain et n’avoir pas besoin des matériaux variés, péniblement acquis par l’expérience et l’observation. C’était surtout le cas en Allemagne, où le système de l’ « idéalisme absolu », représenté par F. Hegel, jouissait à Berlin de la plus haute considération, depuis, surtout, qu’il était devenu obligatoire à titre de « philosophie d’état du royaume de Prusse » — faveur due sans doute à ce que, selon Hegel, « la volonté divine elle-même est présente dans l’État et la constitution monarchique, seule, incarne le développement de la raison ; toutes les autres constitutions sont des étapes inférieures du développement de la raison ». On a loué hautement la métaphysique abstruse de Hegel, — (le monument qu’on lui a élevé derrière ce bâtiment même éternise le sou-