Aller au contenu

Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

primates et les autres mammifères, me semble une tentative absolument vaine, de même que les hypothèses analogues proposées récemment par Alsberg, Wilser et autres anthropologistes désireux de combattre la théorie pithécoïde.

Toutes ces tentatives et d’autres analogues ont un but commun : sauver la situation privilégiée de l’homme dans la nature, élargir autant que possible l’abîme qui le sépare des autres mammifères, mais jeter un voile sur sa véritable origine. C’est là une forme de la tendance de parvenus que nous constatons si fréquemment chez les fils et petits-fils anoblis d’hommes distingués, qui se sont élevés par leur propre mérite à une haute situation. L’autorité supérieure et l’Église, son alliée, regardent complaisamment cette présomption, car elle sert de point d’appui à leur orgueilleuse illusion fossile, laquelle leur fait voir en l’homme « l’image de Dieu » et en la « grâce divine » un privilège des princes. Pour le zoologiste anthropologiste qui examine cette importante généalogie du point de vue strictement scientifique, ces tendances anthropocentriques lui sont aussi indifférentes que l’almanach de Gotha ; il ne cherche qu’à établir l’exacte vérité, telle que la lui font entrevoir les riches matériaux acquis par la science moderne, et il ne peut pas douter un instant que l’homme ne soit, au propre sens du mot, un descendant du singe, du singe anthropoïde dont l’espèce a depuis longtemps disparu. Ainsi que l’ont affirmé, souvent déjà, des savants honorables pénétrés de cette conviction, les arguments que fournit l’anthropogénie sont ici particulièrement clairs et simples, — ils le