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II
À M. Louvigny de Montigny

Permettez-moi de rappeler en deux mots un fait personnel.

Il y a trois ans, lorsque je publiai un précédent volume sur le Canada, mon excellent éditeur voulut protéger cet ouvrage contre la reproduction illicite. Sans doute je courais peu de risques. On s’attaque à plus hauts seigneurs que votre serviteur indigne. Cependant, pour la bonne régie, nous écrivîmes à votre Ministère de l’Agriculture, puisque par une bizarrerie inexplicable c’est le Ministère de l’Agriculture qui est chargé, au Canada, de recevoir le dépôt des livres.

Un fonctionnaire voulut bien nous répondre en nous envoyant l’assurance que nous étions protégés en Canada si nous accomplissions les formalités prescrites par la Convention de Berne, c’est-à dire le dépôt en France de deux exemplaires. Mais si nous désirions, ajoutait-il, revendiquer la protection locale de la loi canadienne, il fallait nous conformer aux prescriptions du Copyright Act, qui régie la matière dans le Dominion, et dont il nous envoyait un exemplaire.

Comme il était de notoriété publique que jamais la Convention de Berne n’avait été appliquée aux livres étrangers par les Canadiens, et que la contrefaçon littéraire faisait partie des industries nationales de votre pays, au même titre que la pulpe ou le nickel, nous nous débattions dans la situation la plus difficile. « Conformons-nous donc, s’écria M. de Rudeval, aux prescriptions du Copyright Act. » Et nous ouvrîmes la brochure rouge que