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IV
À M. Louvigny de Montigny

pauvre écrivain qui réclamait la protection de la Convention de Berne, vos tribunaux objectaient : Que ne vous êtes-vous conformés au Copyright Act. La convention de Berne, nous l’ignorons, le Canada n’y a point participé, et la Grande Bretagne ne pouvait conclure pour lui. À ceux qui se réclamaient du Copyright Act, on répondait : C’est entendu, mais faites-vous réimprimer dans les trente jours au Canada, ou bien non seulement nous permettrons à nos concitoyens de vous reproduire, mais encore nous offrirons de votre poche une prime à votre dénonciateur, serait-il votre contrefacteur lui-même. » Notre cas personnel était d’autant plus pendable que notre premier envoi de livres était parti pour le Canada, et que tous mes volumes dédicacés enfreignaient la loi.

Vous avez eu le courage, mon cher ami, de faire cesser cette situation ridicule. Tandis qu’en France, M. Auguste Dorchain, M. Jean Lionnet, Me Sauvel combattaient le bon combat, vous agissiez directement. Soutenu par notre Société des Gens de Lettres, vous entamiez le fameux procès, dont la Tante Berceuse de M. Jules Mary fut le prétexte, et vous faisiez reconnaître le bon droit devant les juridictions de votre pays.

Mais vraiment, il était temps. Plus personne ne se trouvera dans la situation risible où vos lois nous avaient placés ; nul ne se verra forcé de coller des bandes de papier sur la formule de protection, et de renoncer à ce paratonnerre inutile, ou plutôt nuisible, qui eût attiré la foudre !