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XIII
À M. Louvigny de Montigny

ma mère des paroles de blâme qui sont aussi éloignées de mon cerveau que de mon cœur.

Mais si, je le répète, il ne faut pas chercher dans ce livre ma pensée politique ou religieuse, qui sans doute ne vous importe guère, je me suis au contraire avancé poitrine découverte, quand il s’est agi de questions d’art. Vous avez bien voulu louer naguère ma franchise, pourtant toujours nuancée de bienveillante sympathie, et m’engager à la faire plus rude. D’aucuns m’ont reproché sans aménité mon aménité. Excusez-moi, j’ai l’âme simple, j’ai pris au mot vos encouragements et ceux de votre presse, et j’ai dit parfois un peu durement mon opinion à tel ou tel de vos écrivains.

Je n’ai pas la prétention de rendre des verdicts. Ce livre devrait s’appeler Lectures Canadiennes.

Il renferme seulement, avec exemples à l’appui, les réflexions que je rapporte de mes promenades à travers vos livres. Je n’ai pas pu dire que les œuvres qui me plaisaient me déplaisaient, ni que les œuvres qui me déplaisaient me plaisaient. Si donc les auteurs dont je traite ne sont pas de mon avis, tant pis pour moi. Je ne perdrai pas mon temps à discuter avec eux. Je déclare d’avance que mes restrictions ne présentent qu’une valeur toute subjective, comme du reste leurs affirmations éventuelles, qu’ils seront toujours libres de se considérer comme de grands poètes, et moi comme un pédant dépourvu de goût. Les seules rectifications que je réclame sont des rectifications de fait. Je les accueillerai toujours avec plaisir. Quant à entamer des