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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

Nous arrivons à la question des eaux sur-celestes (suspendues et soutenues au ciel) qui amène de si rudes invectives sur les lèvres de Rivière, champion de Du Bartas, contre Christofle de Gamon. Se fondant sur un passage de la Bible, — divisit Deus aquas quæ erant sub firmament, ab his quæ erant super firmamentum[1] — Du Bartas, d’accord avec plusieurs théologiens, avait cru à l’existence d’eaux célestes et il donnait des raisons très subtiles à l’appui de cette opinion.

Mais Gamon se révolte contre cette hypothèse, il prétend expliquer différemment le texte sacré ; « que Bartas le veuille ou non », s’écrie-t-il, « la main de Dieu.

N’a roûlé nulles eaux sur la pente éthérée, »


et il propose une autre interprétation.

Pauvre Gamon ! mal lui en prit de critiquer Du Banas, — qu’il appelait pourtant un Phébus Gascon[2] ; le contradicteur qu’il suscita n’était pas, comme lui-même, plein de déférence et de politesse. Si Rivière se contentait encore de le nommer un écrivain remply d’arrogance et de lui reprocher de faire un firmament de beurre ; mais il prodigue de bien autres aménités à cet Anti-Bartas :

Ha ! cerveau mal tymbré ! petit ver comme rien !
Es-tu bien si osé de te dire chrétien !

  1. Genèse, Ch. I.
  2. Semaine de Gamon, 5e jour, p. 156 (édition de 1609).