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RENÉ DE CERIZIERS


Pour l’infâme plaisir qui rend l’homme idolâtre
D’un peu de vermillon couché dessus du plastre,
Qui n’en sçait le tourment ?
Lors mesme qu’il promet de charmantes délices,
Ce sont de vrais supplices
Qu’il déguise du nom d’un vray contentement.

Misérables mondains, fiez-vous aux caresses
De ces honteux plaisirs qui tentent vos foiblesses,
Suivez leur vain appas.
Ce masque de bonheur qui flatte vostre vie
Vous tire et vous convie,
Vous offrant ses attraits, à de cruels trépas.

Combien voit-on de grands qui traisnent dans la boue,
Combien de puissants rois que la fortune joue,
Dans sa plus belle humeur !
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .

Quand elle nous fait voir tout l’esclat de sa pompe
Et nous promet ses biens, c’est pour lors qu’elle trompe
Nostre âme par les yeux ;
Au moment que sa main nous lève de la fange,
Aussitost elle change
Et nous pousse en enfer en nous montrant les Cieux.

Mon âme, si la foy gouverne ta conduite,
Corrige maintenant l’erreur qui t’a séduite,
Mets fin à tes malheurs ;
Romps généreusement cette cruelle chaisne,
Qui te serre et t’entraisne
Dans un gouffre de maux et des torrens de pleurs.

Malgré les beaux vers qui sillonnent cette pièce, je ne sais si elle est bien un morceau d’Anthologie ; mais le dégoût de la vie, l’espoir en Dieu, ce sont