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DU BOIS-HUS

luth ou le flageolet. Du Bois-Hus gronde doucement ses compatriotes d’une négligence assez peu explicable, et il est amené, par une transition naturelle, à faire de la langue française le plus noble et le plus délicat éloge :

Sçavans favoris d’Apollon,
Divins héritiers de son nom,
Royale et chère compagnie,
Poëtes, fils aisnez des Muses que je sers,
Esprits au beau génie,
Que tarde vostre humeur à luy faire des vers ?

Je voy voler dedans les mains
De mille fameux escrivains
Les éloges de sa naissance,
Toute sorte d’autheurs lui donnent le bonjour,
Et les presses de France
Travaillent jour et nuict à luy faire la cour.

Mais, parmy les civilitez
Que luy rendent de tous costez
Les dieux des vers et des harangues,
Je voy que l’Estranger l’a le plus révéré,
Et de toutes les langues
Le François est celuy qui l’a moins honoré.

François, source des mots charmants,
Chères délices des amants,
Doux interprète de leurs peines,
Mignard écoulement de la bouche et du cœur,
Amour des belles veines
Que Permesse a remply de sa riche liqueur ;

François, langage harmonieux,
Complice des secrets des dieux,