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DU BOIS-HUS

Multipliant sa course,
Rouleroient à la cour un déluge de vers.

Que de vieux mots congédiez,
Que de discours étudiez,
Que d’art, que d’ordre et de justesse,
Que de riches lueurs, que d’aimables langueurs,
Que de délicatesse,
Feroit naistre le dieu qui gouverne leurs cœurs !

Tout, dans cette longue citation qu’il n’eût tenu qu’à moi d’étendre encore, est aussi bien dit que pensé ; ou sourit à cette beauté périssable sous le nom de qui circulent « des ennuys imprimez ; » on salue dans « les vieux mots congédiez » les dernières épaves de la langue de Ronsard, proscrite par Malherbe. Je ne puis m’attarder à relever tant de tours ingénieux, de termes bien choisis, le mot de « magie, » par exemple, appliqué au théâtre. Mais il importe de signaler que ces strophes inconnues renferment une vraie leçon de critique littéraire, une satire, aussi judicieuse que courageuse, des rimeurs de ruelles, des auteurs de madrigaux ou de bergeries. On était alors, malgré la merveille du Cid, au plus fort de la vogue de l’hôtel de Rambouillet ; le goût s’épurait, la langue se perfectionnait, mais l’inspiration mâle et forte s’énervait aux langoureux accents des Racan et des Segrais, des Voiture et des Malleville ; les poètes de la Guirlande de Julie méritaient qu’on les réveillât de leur douce torpeur en leur venant dire (avec une intention meilleure que l’expression) :