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DU BOIS-HUS

Son cours prendroit des routes neufves ;
L’Anjou verroit bientost son grand canal tary,
Et Tours et Nantes veufves
Pleureroient le départ de leur ancien mary.

D’ailleurs, en pareille occurrence, le Rhône et le fleuve gascon

 laisseroient orphelines
Lyon, Arles, Thoulouse, Avignon et Bordeaux.

Dans l’hymne de joie qui continue et qui prend les proportions d’une interminable antienne, il y a des traits heureux et de jolis vers, mais aussi bien des redites et des fadaises et une persistance d’adulation qui, à la longue, devient impatientante. Je relève au passage des images d’un charme naïf qui font pressentir La Fontaine :

Le Plaisir aux yeux amoureux
A quitté les isles des songes.

Les tristes fourriers des hyvers
N’osent marquer dans l’univers
Les logis au roy de la glace.

Mais je n’ai pas le courage de suivre l’auteur dans cette vraie « île des Plaisirs, » où coulent des sources de lait et des ruisseaux de vin, où les nymphes écrivent sur l’eau les chiffres du dauphin et du roi où les satyres de plomb peint dansent la sarabande ; encore moins entrerai-je sur ses pas dans le palais où les trois Grâces, transformées en fées pour la circonstance, répandent sur le berceau royal un flot de