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RENÉ DE BRUC DE MONTPLAISIR

écrit en riant, en combattant, et plaît souvent sans chercher à plaire. Il est lui-même.

La seconde manière de de Bruc doit commencer lorsqu’il tourne autour de sa trentième année. Il se mêle aux affaires politiques et en parle quelque peu ; il célèbre en sonnets Richelieu ; plus tard, en sonnets aussi, maudit Cromwell. Il commet même un poème : le Temple de la Gloire. Qui le lit en entier est forcé d“avouer que la cithare convenait à de Bruc mieux que la lyre. Dans le ton de ses années mûrissantes, je choisis un sonnet irrégulier et fantaisiste « sur les cendres de Damon mises dans un sablier qui fait mouvoir une horloge » :

Cette poussière que tu vois,
Qui tes heures compasse,
Et va recourant tant de fois
Par un petit espace ;

Jadis Damon je m’appelois,
Que la divine grâce
De Philis, pour qui je bruslois,
A mis en cette place.

Le feu secret, qui me rongea,
En cette poudre me changea,
Qui jamais ne repose.

Apprens, amant, que par le sort
l’espérance t’est close
De reposer même en ta mort.

L’âge s’accentue plus encore dans un sonnet « escript sur une isle à l’embouchure de la Loire » :