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CATHERINE DESCARTES

Croit aller à la gloire, et court à son trépas.
Il arrive, et déjà l’attentive Christine
Reçoit avidement sa solide doctrine,
Écoute avec transport le système nouveau,
S’en sert heureusement de guide et de flambeau,
Et, pour avoir le temps de l’écouter encore,
Retranche son sommeil et devance l’aurore.
Enfin, par des sentiers inconnus jusqu’alors,
Elle voit la nature, et connoît ses ressorts.
On dit qu’en ce moment la Nature étonnée,
Se sentant découvrir, en parut indignée :
« Téméraire mortel, esprit audacieux,
Apprends qu’impunément on ne voit pas les dieux ! »
Telle que dans un bain, belle et fière Diane,
Vous parûtes aux yeux d’un trop hardi profane,
Quand cet heureux témoin de vos divins appas,
Paya ce beau moment par un affreux trépas :
Telle aux yeux de René, se voyant découverte,
La Nature s’irrite et conjure sa perte,
Et d’un torrent d’humeurs, qu’elle porte au cerveau,
Accable ce grand homme, et le met au tombeau.


L’ombre de M. Descartes.

À Mlle de la Vigne.


Merveille de nos jours, jeune et sage héroïne,
Qui, sous les doux appas d’une beauté divine,
Cachez tant de vertus, d’esprit et de savoir,
Ne vous étonnez pas qu’un mort vienne vous voir.
Si je pus, autrefois, pour une jeune reine,
Dont je connoissois peu l’âme inégale et vaine,
Abandonner des lieux si fleuris et si verts
Pour aller la chercher au pays des hivers ;