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Page:Halgan - Anthologie des poetes bretons du 17e.djvu/220

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JEAN DE MONTIGNY

Montigny a eu, près de lui et près de nous, des biographes émus : Mme de Sévigné, cette commère exquise, — le mot est de Paul de Saint-Victor — a fait trêve à ses caquets sur les États de Bretagne, pour narrer, au sérieux, la mort prématurée du « pauvre Léon ; » sur cette tombe sitôt ouverte, l’abbé d’Olivet a jeté quelques fleurs académiques ; enfin, M. René Kerviler, dans un travail qui unit la précision à l’élégance, a fixé définitivement les traits de l’évêque breton[1].

Si elle fut courte, la carrière de Jean de Montigny fut exceptionnellement brillante. Il naquit en 1636, à Rennes, selon toutes probabilités. Fils et frère d’avocats généraux au parlement de Bretagne, il était encore, par son mérite personnel, désigné aux grandeurs. Il fut, pendant plusieurs années, aumônier de la reine Marie-Thérèse ; au mois de janvier 1670, il fut élu à l’Académie française, en remplacement de Gilles Boileau, et à l’exclusion de Charles Perrault ; il y prononça un discours fort remarqué ; peu de temps après, il était appelé à l’évêché de Saint-Pol-de-Léon. Le 4 août 1671, la session des États de Bretagne s’ouvrait à Vitré ; Jean de Montigny y signalait, par son zèle monarchique, sa récente promotion à l’épiscopat. La clôture des États était proclamée le 5 septembre ; le 28 du même mois, le pauvre évêque, « après avoir été ballotté cinq ou six fois de la mort à la vie, »

  1. La Bretagne à l’Académie française au XVIIe siècle. Paris, Palmé, 1877, 8.o (Couronné par l’Académie.)