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L’ABBÉ DE FRANCHEVILLE

masqué sous l’anagramme d’Ingitnom. Pour lui, pas de fausse honte : il n’a rien à cacher et signe franchement ses œuvres de son nom tout entier. Cela se compose de stances, de madrigaux et d’épigrammes. Ces dernières sont fort vives ; l’abbé dit crûment ce qu’il pense, témoin les quatre suivantes :

I

Ô dieux ! Uranie, est-ce vous,
Maigre, défaite, inanimée ?
Le Ciel, qui vous a tant aimée,
A-t-il sitôt changé ses grâces en courroux ?
Vous étiez autrefois des belles, des mieux faites ;
Ah ! que n’en estes-vous toujours !
Ou pour le repos de nos jours,
Que n’avez-vous toujours esté ce que vous estes !

II

Cet homme qui parle tant
Et qui cherche en vain l’art de plaire,
Seroit bien plus divertissant,
S’il trouvoit celuy de se taire.

III

Paul, dont vous sçavez l’indigence,
Fait mal des vers, et bien les vend ;
Il en tire de bel argent
Pour fournir à sa subsistance :
Après cela, maintiendrez-vous
Encor que les poètes sont fous ?

IV

Eh ! bien, je vous ay dit que vous estiez un sot :
Que voulez-vous que je vous dise ?