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NICOLAS DADIER

Elle est représentée au vif, d’ailleurs, cette tapageuse assemblée :

Un murmure confus, une sourde cririe
Va bruiant çà et là par chaque galerie ;
Partout on s’entrepresse et de pieds et de mains
Et de poitrine encor, comme quand les Romains
Estoient tous amassez au théâtre publique,
Pour voir le passe-temps de quelque jeu tragique.

L’harmonie imitative a été cherchée et rendue dans les deux vers suivants ; on dirait qu’ils s’enlèvent à grand-peine et d’un souffle haletant, comme ceux que La Fontaine a mis au début de sa fable, le Coche et la Mouche :

Car comme un charriot plus d’ahan va souffrant,
Dessous la pesanteur de quelque fardeau grand…

Des vers détachés, de courts fragments d’une aussi heureuse venue, ne sont pas rares dans la Parthenice Mariane ; j’aurais pu multiplier les exemples ; mais il est plus malaisé d’y trouver un morceau de quelque étendue, d’un ton soutenu, digne enfin d’une Anthologie ; je me suis arrêté à ce tableau de la nature, se parant de toutes ses séductions pour, saluer la Vierge, qui va visiter sa cousine Élisabeth :

 … La terre verdoyante
De joye tressaillit sous sa pudique plante,
Et retinst longuement dessus son dos pressé
De ses pieds diligens le vestige trassé.
Toute la région admira de sa face
La pudeur, la beauté, la nonpareille grâce ;