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FRANÇOIS AUFFRAY

Quand elles seroient le chef-d’œuvre
De Vulcain, le divin manœuvre,
De Bronthe et du nud Piragmon,
La mort qui te suit et traverse
Toutes les armes outreperce
Et t’entame cœur et poulmon.

Où sont tous ces foudres de guerre,
Saül, Abner et Jonathas ?
Où ces lumières de la terre,
David, Nathan, Ezechias ?
Tous, du faiste de leur puissance,
Dans la mortelle décadence
Sont tombés par sévérité ;
Cæsars, Souldans et Alexandres,
Il ne nous reste de leurs cendres
Que le renom d’avoir esté.

On a peine à reconnaître dans ces strophes élégantes et fières le poète prétentieusement grotesque de la Zoanthropie ; on le reconnaît aussi peu dans cette grandiose et sinistre peinture des tourments qu’endurent les damnés aux enfers (ceci est extrait de la première élégie) :

Mais voyez aux enfers quelle est la boucherie,
Quel carnage sanglant des esprits infernaux,
Quel grand fleuve de sang ondoye en ces canaux,
Quels cris, quelles clameurs, quel sac, quelle tûrie !

Je hérisse d’effroy quand j’œillade leurs formes,
Plus laides mille fois que la mesme laideur ;
Ainsi qu’un fin Prothée ils changent de grandeur,
De couleur, de posture, et de façons énormes.