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ANNE DE ROHAN

Les pleurs qu’à l’amitié
Sans fin je donne.


Sur le mesme sujet

Quand l’Aurore aux doigts de rose
Pour nous montrer toute chose
Fait effort,

Lors ma bouche ne respire,
Mon triste cœur ne soupire
Que la mort.

Quand Phébus, grand œil du monde,
Pour monstrer sa teste blonde,
Du profond cristal de l’onde
Son chef sort,

De pleurer me vient l’envie,
Je plains ma trop longue vie,
Ma Philis trop tost ravie
Par la mort.

Quand je cache par contrainte
Mon vray mal, d’une voix feinte,
Et que mon luth et ma plainte
Sont d’accord,

Lors mes fidèles pensées
Vers Philis sont élancées,
Et mes larmes adressées
À la mort.

Quand je peins Philis la belle,
À chascun je renouvelle
Combien la Parque cruelle
M’a fait tort ;