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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

Il ne faut pas toujours se demander le pourquoi des choses, il faut renoncer à sonder certains secrets, continue Rivière qui reprend à Palingene et développe un peu l’image du potier devant son argile, du sculpteur devant son marbre : Sera-t-il dieu, table ou cuvette ?

Le potier qui a mis son argileux amas
En plusieurs portions, pour nombre de pots faire,
Pourquoy employe-t-il plustost en une eguière,
Ou en une marmite ou bocal ce morceau ?
Pourquoy de cetuy-cy fait-il un pot à l’eau,
De l’autre une fiole ou une cruche ronde ?

C’est le secret de l’ouvrier. Après un tableau de l’ordre admirable qui préside aux choses d’ici-bas, il y avait, à cet endroit, et comme correctif, dans le poème de Palingene, un tableau des misères de son temps, des exactions commises par les Français pendant les guerres d’Italie, des présages sinistres qui annonçaient d’autres malheurs à cette Italie, nation avilie et sacrilège ; Rivière est trop bon patriote pour laisser son lecteur sous une aussi triste impression, il traduit bien les plaintes et les invectives die Palingene, mais il les fait suivre d’une riante description de la paix que Henri IV avait préparée, que l’alliance projetée de Louis XIII avec une infante, du prince d’Espagne avec la dauphine, devait cimenter :

Nous chanterons la paix de la France eplorée
D’avoir perdu son Roy, son père et son sauveur,
Et joyeuse d’avoir du calme le bonheur.
Bonheur, qui l’eust pensé ? Qui eust cuidé qu’en l’onde