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Page:Halgan - Anthologie des poetes bretons du 17e.djvu/90

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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

Si ayans abjuré le monde sans feintise,
Et pauvreté juré en face de l’Église,
Ils pouvoient estre après riches beneficiers,
S’ils étoient différens des riches séculiers…
Si hommes lays peu voient, en saine conscience,
Benefices tenir et mettre en même tas
Ce qui leur étoit propre et propre n’étoit pas,
Obvier à l’erreur de la plume Calvine,
Qui l’Église embrouilloit de nouvelle doctrine,
Et si meilleur étoit ce vieux mal tolerer,
Que par l’acier tranchant prétendre le curer.

Il n’y a pas trace, et pour cause, de ces quatre derniers vers dans Palingene ; ils sont remplacés par de virulentes invectives, que le traducteur du XVIIIe siècle a respectées, contre le pape et les moines. Rivière a imaginé un petit dénouement que relèvent, à nos yeux, de piquants détails bretons ; on y remarquera une allusion au Purgatoire de saint Patrice, ce puits fameux que la tradition a placé en Irlande, dans une des îles du lac de Derg, et où le moyen âge, où Dante lui-même, renouvelaient les initiations des anciennes mythologies[1].

Mon guide, m’embrassant, par les humides nûes
Me porte, et me laissa dans les plaines herbûes
Du païs Armorique, où les flots argentez
De Seiche vont baignant ses chams camelotez[2] ;
Et garny de sa verge et de ses talonnières,
Entrecoupant, oyseau, les plaines oyselières,

  1. V. une très intéressante dissertation sur le Purgatoire de saint Patrice, dans le Monde enchanté, cosmographie et histoire naturelle fantastiques du Moyen Age, par F. Denis (Paris, Fournier, 1843, pages 157-174).
  2. Cameloté, travaillé à la manière du camelot (étoffe de poil de chèvre), — par extension, ondé, inégal (en parlant d’un terrain).