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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/178

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BEAUMARCHAIS.

serre sans cesse avec art le nœud de l’intrigue, et conduit à un dénouement tout à la fois clair et ingénieux, comique et naturel ; mérite qu’il n’est pas aisé de soutenir dans une pièce dont la marche est aussi étrangement compliquée. À chaque instant, l’action semble toucher à sa fin, à chaque instant l’auteur la renoue par des mois presque insignifiants, mais qui préparent sans effort de nouvelles scènes et replacent tous les acteurs dans une situation aussi vive, aussi piquante que celles qui l’ont précédée. C’est par cette marche tout à fait inconnue sur la scène française et dont les théâtres espagnols et italiens offrent même assez peu de bons modèles, que l’auteur est parvenu à attacher et à amuser les spectateurs pendant le long espace de trois heures et demie qu’a duré la représentation de sa pièce. »

Grimm, peu familier avec le théâtre français de la première moitié du xviie siècle, se trompait en croyant que personne, avant Beaumarchais, n’avait, à l’imitation des Italiens et des Espagnols, mis l’intérêt dans les complications de l’intrigue. Il ne connaissait sans doute ni les Folies de Cardenio ni les Galanteries du duc d’Ossonne, ni tant d’autres comédies romanesques, parfois gauchement enchevêtrées, mais qui ont la grâce et l’élégance particulières à l’art du règne de Louis XIII.

Beaumarchais, non plus, ne les connaissait pas. D’autre part il savait peu de chose du théâtre espa-